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10 novembre 2020

Moi, résident•e #1 : Déborah Banoun

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Dans cette période de grands bouleversements, on se console avec la chance qu’on a de pouvoir accueillir les artistes et les compagnies en résidence pour leurs créations.

On en a donc profité pour poser quelques petites questions à Déborah Banoun, la metteuse en scène de la compagnie Jetzt, en résidence du 2 au 13 novembre dans la salle bleue du Théâtre Paris-Villette pour son spectacle Grand Conte extraordinaire pour enfants tristes.


Si tu devais nous raconter ton spectacle à la manière d’un film de super-héros ?

Après une longue errance dans un forêt magique, Croque-Mort, un jeune enfant solitaire, battu par ses parents, va devenir Super Croque : le cicatriseur ! Coiffé d’un chapeau haut-de-forme, d’un manteau noir, d’une paire de mitaine, il se met à arpenter les rues des villes, solitaire, il veille. Pendant de longues années, tous doutent de ses supers pouvoirs, Super Croque lui-même fini par douter. Jusqu’au jour où il rencontre Victoire Mandelbome et Emile Mandelbome, deux enfants au destin contrarié, vont révéler à tous les supers pouvoirs du Cicatriseur !

Si tu avais 3 mots pour définir l’envie du spectacle sur lequel tu travailles actuellement, ce seraient lesquels ? et pourquoi ?

La perte nous y sommes tous confrontés, les enfants y sont, en réalité, beaucoup plus confrontés que nous. La peur de perdre ses parents, la peur de voir disparaitre un objet, comme un doudou, de se séparer d’une personne qui a veillé sur nous, comme une nounou, la peur de ne plus revoir un ami d’école est en réalité bien plus douloureuse pour eux, elle fait aussi partie intégrante de leur construction de leur capacité de résilience. Je crois essentiel de parler de la mort, de la perte, sans devancer les questions, sans en faire un documentaire inapproprié. C’est un message d’espoir que je leur délivre à travers ce spectacle, même si je traite d’un sujet lourd.
Le conte est un support idéal, il parle à tous, parents et enfants, il déploie l’incroyable, la magie, en utilisant le réel. Les contes nous marquent et restent ancrés en nous comme un bien précieux que nous pourrons à notre tour partager. Les contes s’est aussi l’oralité, le temps on l’on raconte…
L’enfance me fascine, elle est à la fois une force prodigieuse, une fragilité inouïe, elle est tous les possibles. Je me suis inspirée en écrivant ce texte de mes souvenirs d’enfance, de mes colères, de mes tristesses, de mes joies, de mes attentes, j’avais envie de parler aux enfants, parce qu’en moi vit puissamment, comme tout adulte probablement, une petite fille impatiente de raconter.

La maison d’artistes « idéale » pour toi, ce serait quoi ?

Je ne crois pas qu’il y ait de « maison d’artistes idéale », il y a des lieux accueillants, des humains attentifs, des personnes heureuses de recevoir, des artistes collaboratifs, curieux. C’est sans doute ça l’idéal ! Parce que, je crois qu’un artiste est un explorateur, un aventurier de l’âme et de la pensée humaine, il se doit de partir à la conquête, d’explorer, de s’aventurer, si nous ne sommes pas confrontés au monde et à sa diversité nous mourrons, asséchés. Alors surtout pas de maison idéale !

Comment expliquerais-tu ce qu’est « une résidence » à ma grand-mère ?

Je lui expliquerai que nos métiers sont des métiers d’artisans. De par sa nature, le théâtre est éphémère, c’est un temps hors temps ou des vivants s’adressent à d’autres vivants, il vivra encore un peu, parfois longtemps au fond des poitrines des spectateurs, puis il s’effacera. C’est pour cela que tous les métiers dit du spectacle vivant sont des métiers d’artisans, nous fabriquons avec des mots, avec des images sculptées dans l’air des instants de poésies partagés. Enfin je dirais à ta grand-mère que reproduire un geste, une image dans le vide, ça demande beaucoup de temps, de minutie et de travail. Que les artistes ont besoin de temps et d’un espace approprié où ils peuvent fabriquer, travailler, perfectionner leur art singulier. Les résidences, sont des temps de travail, c’est l’atelier des artisans !

Est-ce que tu as un rituel avant ou pendant une résidence ?

J’aime être seul le matin, avant que les équipes techniques et artistiques arrivent, j’écoute de la musique et m’allonge sur le plateau. C’est un instant précieux ou je me remémore les gestes, les mots et les images que j’ai exploré avec les équipes. Généralement je prends des notes et je me prépare un café en attendant les autres.

Durant cette résidence, as-tu compris (ou découvert) quelque chose de nouveau sur ton spectacle ?

Oui, mais je ne peux pas te le dire. C’est un secret !

Un dernier mot à nous dire ?

N’oubliez pas de rêver, d’explorer, de rire beaucoup et garder la tête haute, les temps heureux ne nous quittent jamais très longtemps…


Merci Déborah, et belle route à Grand Conte extraordinaire pour enfants tristes. On suivra avec attention l’aventure de ton spectacle ! 


Présentation réservée aux professionnels vendredi 13 novembre à 14h réservations à l’adresse resa@theatre-paris-villette.fr

© photo Christophe Offret