Ce soir j’ai de la fièvre et toi tu meurs de froid

2025. Alors que Yaya, un homme d’une soixantaine d’années, fait le tri dans ses affaires, il remet la main sur son vieux magnétophone. C’est alors l’occasion pour lui de replonger dans un souvenir qui se matérialise peu à peu au plateau : celui d’une émission populaire de la fin des années 1980 sur Radio Fréquence Gaie, Lune de Fiel. Plus précisément encore, celui de la dernière émission avant l’arrêt définitif du programme, en septembre 1989. Pendant près d’une heure, les appels d’auditrices et d’auditeurs s’enchaînent au même rythme qu’à l’époque, versant dans le rire, le délire et, parfois, le vulgaire à répétition. En parallèle, chaque animatrice et animateur s’éclipse, à tour de rôle, du souvenir partagé de cette émission, et parle, rétrospectivement, des années radio et de celles qui ont suivi l’arrêt de Lune de Fiel.

Les prises de parole successives tracent alors des trajectoires multiples ; celle de Radio Fréquence Gaie, celle des premiers homosexuels et lesbiennes à revendiquer collectivement le droit à vivre leur sexualité ouvertement, et celle d’un groupe marqué par la mort de l’un des leurs, terrassé par le SIDA. En s’emparant de quelques archives restantes, Ce soir j’ai de la fièvre et toi tu meurs de froid entremêle la reproduction d’enregistrements et d’archives sonores de l’émission Lune de Fiel et l’interprétation d’une courte série de monologues et de dialogues fictionnels portés par les personnages au plateau.