Bleu

Laurie désirait Mo. Émeric désire Audrey. Ben désire Clara qui ne désire plus rien. En secret Kevin désire Mo. Audrey et Mo se désirent. Mais Mo est « étranger ».

Des jeunes d’aujourd’hui se retrouvent, au hasard de leurs journées, dans un espace familier. Un terrain, un dedans-dehors qui n’appartient qu’à la jeunesse et ne peut être habité que par elle, un lieu d’errance et de transition, un endroit où les corps passent, circulent aussi vite que les désirs. C’est là que l’on pratique le sport – là donc que l’on découvre les possibles performances de son corps, en même temps que la puissance érotique de celui des autres – c’est là que la vie s’écrit, aventureuse, quotidienne et brutale, à l’abri des intrusions du monde des « adultes ». C’est enfin là que le groupe s’invente, se solidarise, se détruit.

Comment devenir quelqu’un ? Aimer, travailler, s’exiler, tels sont les dilemmes de Ben, Audrey, Clara, Laurie, Kevin et Émeric.

S’ajoute pour Mo celui d’être toujours soupçonné d’être étranger aux valeurs que ses camarades brandissent comme un étendard, alors qu’eux-mêmes ne les respectent qu’épisodiquement. Mo doit-il – peut-il – consentir à devenir un autre, plus acceptable, plus intégrable et conforme aux désirs d’autrui ?

Il affronte les frustrations, les crispations, les amalgames et les préjugés. Son profil de bouc-émissaire est vite trouvé : il fédère contre lui une jeunesse apeurée, ignorante s’aveuglant volontairement, et qui aura vite fait de se politiser sur ce terreau putride.